Les champs de Verternel
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[Extrait du roman acclamé par les critiques “Les champs de Verternel”, qui se déroule dans un futur proche pendant une guerre fictive.]
...Et pourtant, Tal'at refusait de s'incliner. “Non monsieur, je n'ouvrirai pas le feu sur eux. Peu importe ce que vous prétendez à leur sujet, ces soldats étaient comme nous autrefois. Ce sont des membres de notre famille. Nous n'avons aucune raison de les affronter.”
Florence n'en revenait pas. Tal'at était-il vraiment prêt à risquer sa vie pour protéger ses compatriotes à elle ? Elle savait que cette guerre était ridicule, mais le voir faire face à son commandant et refuser ouvertement un ordre direct en sachant très bien qu'il commettait là un acte qui pouvait le voir accusé de trahison... C'était le même Tal'at qui, à peine une semaine plus tôt, avait obéi aux ordres et avait pris au piège et fait prisonnier toute son escouade. Elle savait qu'il était capable de faire preuve d'humanité, mais jusqu'à présent elle n'avait jamais eu la certitude qu'il était également capable d'être suprêmement raisonnable.
“Vous dépassez les bornes, soldat ! Voulez-vous repenser aux conséquences de vos actes et reformuler votre réponse ?” aboya le commandant Greeson en projetant des postillons sur toute l'assemblée. Son visage était devenu écarlate sous l'effet de la colère. Il n'était pas habitué à l'insubordination.
“Vous m'avez parfaitement entendu. Je ne me répéterai pas.” Tal'at jeta un regard à Florence. Il avait parfaitement conscience de la gravité de la situation, mais elle lui avait tant appris au sujet de cette guerre injuste au cours des quelques jours qu'ils avaient passés ensemble qu'en cet instant il avait décidé que, quoi qu'il doive lui en coûter par la suite, il fallait qu'il fasse ce qui était juste. Remarquant alors que les autres officiers commençaient à se tortiller en montrant des signes d'inconfort visibles, leur résolution ébranlée, un mince sourire se dessina sur son visage. Le masque commençait à tomber. Il sentit que le vent était sur le point de tourner, et que ce modeste acte de défi pouvait bien être celui par lequel tout l'édifice de ce conflit insensé promettait de s'effondrer...
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